mercredi 24 décembre 2008

L'incident de la cantine - Chapitre 2 (extraits)


La nouvelle avait été contrainte par manque de place de s’asseoir à une table éloignée de la moindre surveillance adulte, au beau milieu d’une bande de jeunes d’horizons géographiques différents qui n’avaient de commun que leur indélicatesse. Ces derniers avaient dépassé le stade des messes basses et s’adonnaient pernicieusement à des railleries plutôt déplacées, voire vulgaires, sur le physique de leur proie. La nouvelle faisait mine de les ignorer mais l’acharnement de ses voisins bruyants à son encontre l’obligea bientôt à devoir adopter une ligne de défense assez maladroite, qui la faisait plutôt ressembler à un chaton attaqué par des matous. Ces derniers prenaient d’ailleurs encore plus de plaisir à l’invectiver du fait de sa maigre défense. Ils augmentèrent alors d’un cran leur harcèlement en commençant à lui jeter des haricots, d’abord dans l’assiette de leur victime, puis ils firent mine de rater leur lancers en faisant atterrir leurs projectiles au-delà de l’assiette afin que ceux-ci atteignent le ventre et les genoux de la pauvre fille.
- Tiens l’anorexique, faut que tu bouffes un peu plus ! Je te dépanne d’un peu de mon plat, brailla une des adolescentes les plus mauvaises qui semblait être la meneuse du groupe.
- Ouais, t’as raison, renchérit une de ses comparses en ponctuant son intervention de jurons banlieusards.
- Arrêtez, je n’en veux pas, se plaignait Pauline en essayant de garder son calme.
- Mais si, mais si, les haricots c’est bon pour la ligne, se moqua un autre de la bande qui se dénotait par des rictus blafards.
- Hé, grosse vache, tiens donc, attrape, lâcha un quatrième convive, placé sur le banc en face, en visant délibérément le visage de sa cible.
...

C’est à ce moment précis que Carole, qui observait au loin depuis quelques minutes ce manège infernal en faisant la queue au self, se décida de venir en aide à l’inconnue.
- Il y a des places qui se libèrent un peu plus loin si tu veux, comme tu ne sembles pas être la bienvenue à cette table.
L’intervention de la jeune fille sembla un court instant être salutaire mais la méchanceté gratuite se déchaîna alors contre cette dernière. Celle-ci tint bon cependant, campée devant la meute en attendant que la nouvelle saisisse sa chance pour changer de place. Elle avait presque quitté la table lorsque le garçon au rictus bouscula le plateau de la nouvelle assez fort pour que la moitié des plats se renversent ou tombent à terre sous les rires fusant de toutes parts autour de la table.

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