mercredi 24 décembre 2008

Le Labo - Chapitre 11 (extraits)


Ici, plusieurs chats étaient enfermés dans des cages, miaulant de terreur et à proximité de dizaines de rats également enfermés. C’était ce qu’avait pu voir la jeune fille au travers de la vitre avant d’entrer. Ce qu’elle n’avait pu voir, et qu’elle découvrit sur la partie de gauche en manquant de tomber dans les pommes, elle ne put le regarder qu’une seconde ou deux, tellement l’image qu’elle garderait hélas toute sa vie en mémoire était insoutenable. Elle vit des chats et des lapins enfermés dans des appareils diaboliques qui les immobilisaient totalement pour pouvoir effectuer différentes expériences sur le cerveau. Elle crut même voir des blessures innommables que certains animaux s’étaient infligés en ayant dû essayer de se débattre. Elle ressortit, prête à vomir, sans avoir le courage de retourner photographier. Cela était au-dessus de ses forces. Elle savait hélas que de toutes façons, ces traitements ignobles étaient considérés comme légaux et qu’elle ne pourrait s’appuyer que sur des maltraitances purement gratuites.



Elle reprit ses esprits pour aller tout de même au bout de son projet, pénétra dans la troisième pièce, mais cette fois, prête à mitrailler ce qu’elle découvrirait, quitte à fermer les yeux. Ce qu’elle vit dans celle-ci fut quasiment encore plus insoutenable que dans la précédente. Plusieurs lapins, ainsi qu’un singe, étaient enfermés dans ce que Carole savait s’appeler des boîtes de contention d’où ne dépassaient que leurs têtes. Elle prit plusieurs photos sans prendre le temps de les cadrer. A côté, elle vit d’autres appareils de contention, des tables cette fois, sur lesquelles de petits chiens sanglés pouvaient être maintenus écartelés ou figés dans toute autre posture exigée par l’expérience. Un des appareils permettait de garder les animaux assis, dos appuyé à la verticale, contre un mur...

La jeune téméraire ressortit presque aussitôt, croyant devenir folle. Elle sentit un flot de larmes prêt à sortir et se demanda si son cœur n’allait pas exploser. Elle avait vu le regard de certains animaux et s’était mise à souffrir le martyr avec eux.
- C’est pire qu’une boucherie ! s’exclama-t-elle. Au moins, dans un abattoir, les animaux y sont amenés pour mourir vite, mais là, il y avait un tel luxe de raffinement du matériel que la jeune fille était maintenant sûre que les articles qu’elle avait lus étaient vrais. Elle était sûre que nombre d’expériences douloureuses étaient pratiquées sans anesthésie et que les animaux pouvaient rester immobilisés des jours, des mois et même des années dans ces appareils inconfortables, pour subir plusieurs genres de tests



Pourtant, le chercheur semblait être dans la pièce qui était sous elle. Au bout d’un moment, elle crut l’entendre parler.
- Tiens petite saloperie, on va voir si ce que je t’ai injecté ce matin est toujours efficace pour soulager la douleur.
La jeune fille paniqua tout à fait. Elle ne pouvait entrouvrir cette satanée trappe. Sa mission allait être un échec. Elle commença alors à entendre des hurlements de douleur comme elle n’en avait jamais entendu de sa vie et comme elle pensait ne jamais entendre. Ces hurlements, qui étaient bien plus que des jappements, la terrorisèrent. Elle se mit à trembler de tous ses membres en essayant de se boucher les oreilles, mais rien n’y faisait, ils étaient toujours là à lui à lui transpercer le cœur et l’âme. Dans un éclair de lucidité, elle pensa à mettre en route l’enregistreur vidéo de l’appareil photo, au moins pour avoir la preuve sonore de ce qui se passait à quelques mètres d’elle. Elle ne pouvait cette fois s’empêcher de pleurer, le plus silencieusement possible. Elle voulait s’enfuir à toutes jambes, fuir très loin d’ici et tenta de faire demi-tour pour regagner la trappe par laquelle elle était montée. Rien à faire, le réduit était trop étroit pour une telle manœuvre, à moins d’être contorsionniste. Elle se dit alors, avec le peu de lucidité qu’elle pouvait avoir en entendant toujours les terribles cris de souffrance atroce que devait subir le jeune chien, qu’il y avait des chances pour qu’il y ait une troisième trappe, au côté opposé du bâtiment, et se remit à ramper alors, presque sûre de ne pas pouvoir être entendue avec les hurlements qui couvraient forcément tous les autres sons éventuels. L’heure tournait. Elle jeta un regard à sa montre et réalisa que les autres membres du personnel, dont l’assistant qui aurait sûrement des problèmes à cause de son badge disparu, n’allaient plus tarder à réintégrer leur lieu de travail. Elle espérait que l’arrivée de ceux-ci allait au moins mettre un terme aux souffrances terribles de ce jeune chien pour quelque temps.

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