Le sauvetage du chien - Chapitre 6 (extraits)

- Quoi ? Ah oui, l’abruti au clébard. Oh mais qu’est-ce qu’il fait ? Il est encore en train de taper son chien, ce con…
- On dirait qu’il est furieux parce que son labrador ne veut pas lui rapporter le bâton qu’il lui lance.
- Ce n’est pas une raison pour le taper avec.
Les deux jeunes filles observèrent avec écœurement le manège du sale type à l’encontre de son chien.
- Ce n’est pas un animal de compagnie, pesta Laura, c’est un animal de souffrance.
- Il l’attache avec une large laisse près de la serre maintenant, il se rassoit et il téléphone avec son portable.
- Ouf, un peu de répit pour ce pauvre chien.
Le maître s’amusait, tout en téléphonant, à ordonner à son chien de venir à ses pieds. Celui-ci, terrorisé, se tenait dans un petit espace hors de vue de l’homme qui attrapait le bout de la large laisse et tirait violemment dessus en s’énervant pour faire obéir le chien. Le maître recommença une seconde, puis une troisième fois ce petit jeu.
- Oh non ! s’insurgea subitement Carole.
- Qu’est-ce qu’il y a encore ?
- Regarde ! Le chien veut entrer dans la serre par le carreau cassé. S’il entre et que son maître tire sur cette laisse avec autant de brutalité, le chien sera immanquablement blessé par le bout de verre cassé. Il ne voit rien de là où il est, surtout qu’il semble trop occupé avec son téléphone.
Tout à coup, Laura pinça son amie en grimaçant.
- Aïe ! Le chien va rentrer dedans.
- Viens vite ! Allons le tirer de là sans nous faire voir.
Carole détala à toute vitesse le long de la haie en empruntant la trajectoire la plus courte et le plus à l’abri possible du champ de vision de l’homme qui semblait maintenant s’énerver contre son interlocuteur en faisant de grands gestes. Sa main droite triturait nerveusement le bout de la longue laisse. Soudain, le chien réussit à franchir l’étroite ouverture dangereuse. Il pouvait certes en ressortir comme il y était entré, mais Carole estima rapidement que si l’individu tirait d’un coup sec sur la laisse, le chien avait de grandes chances de s’empaler sur le verre. La jeune fille arriva devant l’ouverture meurtrière et commença à rassurer le chien. La laisse glissait le long d’un bord tranchant comme une lame de rasoir. A un moment elle entendit l’homme exploser de colère au téléphone. Elle crut voir la main de celui-ci enrouler deux tours de laisse autour de son poignet. La laisse se tendit contre le verre cassé.